La vie et la poésie d’Anna Ajmátova ont connu un avant et un après la Terreur stalinienne. Sa voix de jeunesse est hédoniste, musicale et repliée sur elle-même, avec des lueurs prophétiques d’un futur solitaire. C’était l’époque de sa vie où elle accumulait des expériences, brillait dans les jeux de séduction, exprimait la jouissance d’être vivante. Attirés par son magnétisme irrésistible, entrent et sortent de sa vie de grands poètes comme Mandelshtam ou Gumiliov, avec qui elle se maria très jeune, des artistes comme Modigliani ou des érudits comme son second mari, Vladímir Shileiko. À cette époque-là, le monde extérieur n’entrait dans son lyrisme que comme une toile de fond de passions qu’elle élevait à la catégorie de l’art.

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